Le livre de ma mère. Avertissement aux orphelins que nous serons tous un jour.
Dans cette petite élégie autobiographique, publiée en 1954, le Suisse Albert Cohen nous offre l’un des chants les plus coupables et les plus émouvants jamais écrits en hommage à une mère défunte. Inconfortable et touchant à la fois, c’est un acte de contrition presque obscène auquel chacun peut s’identifier.
Dans un monologue qui se mue immédiatement en dialogue avec le lecteur, Cohen revient sur les actes d’amour – généralement réciproques avec froideur ou désintérêt – de sa mère à son égard. Il s’agit d’une femme ordinaire, voire d’une émigrée quelque peu inadaptée à sa nouvelle vie. Aussi est-il aisé d’établir tous les parallèles possibles avec la vie de chacun.
Le livre de ma mère. Avertissement aux orphelins que nous serons tous un jour
Écrit sur un ton tellement compatissant qu’il en frise le pathos, ce livre s’est parfois vu reprocher d’idéaliser à outrance la figure maternelle, précédant ainsi une certaine vision misogyne attribuée à l’auteur. Il a été intégralement rédigé en exil, à Londres, pendant la Seconde Guerre mondiale, après le décès de la mère, en 1943 à Marseille, sous l’occupation nazie. Ce n’est donc pas un hasard s’il émane de chaque page un certain désespoir et une foi en l’avenir défaillante.
L’intérêt supplémentaire de ce roman, traduit dans plus de 30 langues, se révèle par la fine réflexion qui, page après page, dévoile la nature fugace de l’existence et la valeur inattendue des petites choses de la vie. Il faut souligner l’audace de l’auteur d’autres chefs-d’œuvre tels que Solal ou Belle du Seigneur, qui met à nu les contradictions de l’être humain sans langue de bois.
«Qui peut lire des siècles d’Histoire et ne pas en refermer le livre, las d’avoir lu les mêmes choses à des dates différentes ? »
León Felipe
Lisez des livres : utilisez le passe-partout qui ouvre toutes les portes
Depuis que le monde existe et que les gens y vivent et le parcourent, les mêmes choses se sont fondamentalement toujours produites, une génération après l’autre. Les livres racontent tout avec leur voix sans hâte, et ce depuis des temps immémoriaux. La littérature est le microscope minutieux et infaillible qu’a inventé l’être humain pour s’observer dans le miroir de sa conscience sans pouvoir détourner le regard. La vérité kaléidoscopique de la littérature hypnotise comme un abîme et libère comme celui à qui il pousserait des ailes. Vous souhaitez être informé ? Lisez des livres. Vous aspirez à comprendre l’actualité au-delà du déguisement qu’on lui fait revêtir ? Lisez des livres. Vous avez l’impression d’être une marionnette dans le troupeau crédule et indistinct des jours ? Lisez des livres.
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